Les oiseaux sous le soleil printanier peaufinaient leurs chants d'amour, une douce brise formait avec le feuillage un orchestre à la lente musique. Le soleil brillait. Tout dans la nature chatoyait. L'amour était au creux de tout et mon amour, pour toi, aussi frétillant et fébrile que les jeunes passions.
Un baiser fou sur tes lèvres et je suis partie au journal pour ma cuvée de travail quotidien mais, depuis nous, cela semblait à la fois plus léger et plus difficile ; plus léger, car mon bonheur rejaillissait sur toutes mes activités, plus difficile car cela signifiait te quitter de longues heures...
Tu souriais, la mine épanouie, sur le perron, en me lançant un dernier au-revoir et un baiser du bout des doigts... Je ne savais pas encore que le bonheur dans lequel nous nagions ne serait plus bien long; je ne savais pas que ces signes si chaleureux seraient les derniers. Nous étions au comble du bonheur, notre amour était sans nuage. Un peu comme un oiseau qui prend son essor, nous ignorions la présence des chasseurs et des mauvais présages...
Ce jour marquait notre premier anniversaire de mariage et le soir, toute heureuse, j'emportais dans mes bagages un présent selon mon coeur.
Un calme inquiétant régnait ; la nature suspendait sa petite oeuvre musicale ; si douce à entendre ; une voix et quelques hommes dans le salon, en uniformes.
Sans encombres, sans brutalité mais sans indulgence, une voix qui résonne et ces mots affreux que ma gorge refuse toujours de laisser passer, ces quelques mots qui ont suffi à détruire mon existence... Je me suis effondrée. Je n'avais plus rien au monde.
La place s'étale sous ses yeux blessés
Brulants de souvenirs et de larmes versées
Ses mains serrent l'étoffe humide de son vêtement
Et dans les profondeurs de son regards, je devine le ressentiment.
Belle désespérée arrachée des flots
Je découvre ta fragile beauté
Et mes yeux s'attardent sur tes courbes
Sans que je puisse m'en empêcher.
Belle sirène aux secrets insoupçonnés
Comment pouvais-tu songer mourir ?
Heureux mortel, je suis, de t'en avoir sauver
Mais en cet instant comme tu dois me maudire !
Tes cheveux ondulent jusqu'à tes seins
Belles pommes que j'aimerais goutter
Et sur mes lèvres, j'aimerais bien
Déposer une pluie de baisers.
Mais il est encore trop tôt
Je ne puis ainsi t'effrayer
J'attendrai de toucher ta peau
Car je ne puis encore me permettre de t'aimer.
Eloigné par ta colère, je reviens à présent
J'ai tous les prétextes
Tu es presque nue sur cette plage désertée,
Loin de tout
J'habite à quelques pas dans les pas dans les dunes ;
Mais qu'il est difficile de te convaincre !
J'aimerais tant apprendre à mieux te connaitre
Apprendre ta blessure, tenter de la guérir
Viens avec moi, être de rêve
Je saurais t'aider à survivre
Ton pas qui me suis me semble peu sûr
Mais tu refuse de te pendre à mon bras
C'est à ma chemise que sur tes épaules j'ai jetée
Que tu préfères t'agripper.
La radio d'un vieux slow égraine les mesures
Et soudain tu te mets à pleurer tout bas
Tu t'accroches alors à moi comme un radeau dans la tourmente
Je sens ta solitude infinie, ton âme souffrante...
Ne t'en fais pas, je suis là....
(à suivre)
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